Le Fleuve du Dragon noir (URSS 1975) (La vie nous revient de l'aurore t. 5) de Ed Nouce

Nous sommes en mai 1975.
Leonid Brejnev règne sur lʼURSS, et les négociations SALT II sur la limitation des armes sont en cours avec les États-Unis dʼAmérique de Gerald Ford.
Dans un climat de relative détente Est-Ouest, Téri Kuhn, jeune et brillante mathématicienne assistante à Cambridge et spécialiste du nombre Pi, séjourne à Moscou avec des collègues, invités de lʼUniversité dʼÉtat Lomonossov.
Entre deux séminaires de mathématiques pures, elle court après un vigile soviétique aperçu dans lʼimmense building gothique stalinien.
Mais qui est vraiment ce trop bel Alexeï qui travaille aussi à temps partiel à lʼaéroport militaire de Khodynka ?
Quʼon ne sʼy trompe pas : le début du roman pourrait prêter à confusion. Il ne sʼagira pas vraiment dʼun roman dʼamour. Même si « le fleuve du dragon noir » est le nom chinois du grand fleuve sibérien nommé « Amour » en russe, mot repris du bouriate et signifiant en réalité « boueux », ce qui est bien moins romantique, on en conviendra.
Roman dʼespionnage, roman psychologique, roman sur le plus grand pays du monde, regard original qui évite la caricature, ce récit au style lumineux se suffit à lui-même. Il nʼest pas du tout nécessaire dʼavoir lu les précédents opus pour le goûter. Quant aux fidèles de la saga dʼEd Nouce, ils découvriront avec bonheur ce cinquième tome : focus cette fois sur Téri Kuhn et sur les personnages russes, dont le flamboyant général Bykov, introduit dans « LʼAffaire 88 ». Et Manfred Kuhn, le père de Téri, jouera encore un rôle déterminant...
Cette toile de fond historique rejoint l’actualité la plus récente et met un coup de projecteur sur un service russe toujours très actif aujourd’hui. La trame est d’espionnage et de suspense, les fils sont les personnages complexes et attachants. Du côté occidental, une mathématicienne jeune et géniale dans son domaine, mais paumée et au physique quelconque. Du côté russe, un héros manipulateur mais patriote avant tout et capable de grands sentiments. Entre les deux, un ex-colonel de l’Abwehr, sombre et ambigu.
Comme d’habitude chez Ed Nouce, aucun manichéisme et une grande subtilité. Ce beau roman original s’apprécie aussi bien en soi, pour le lecteur qui découvre l’univers de l’auteur, ou comme le cinquième tome de la suite romanesque « La vie nous revient de l’aurore », pour les accros de la saga familiale d’Ed Nouce.