La nef des enfants des vainqueurs de Gyaltsab Dharma Rintchèn

Le texte que vous avez entre les mains, le Bodhisattvacharyavattara en sanskrit, ou l’Entrée dans la conduite des bodhisattvas, fut composé au VIIIème siècle par le héros de l’éveil, le fils des vainqueurs nommé Shantidéva. Ce grand maître était un éminent érudit et pratiquant de l’université monastique de Nalanda en Inde (il fait partie des dix-sept pandits de Nalanda). L’Entrée dans la conduite des bodhisattvas est un poème en dix chapitres qui détaille le mode de vie d’un bodhisattva, un véritable manuel pragmatique essentiel à quiconque souhaite émuler ces admirables héros de l’éveil. C’est le cœur battant de la tradition de Nalanda.
Étudié et pratiqué par les éminents maîtres et méditants du grand véhicule, il s’inscrit dans la tradition philosophique des conséquentialistes de la voie médiane, dans la lignée des grands Nagarjouna et Chandrakirti. Atisha et les sages kadampas le vénéraient tout particulièrement, le comptant d’ailleurs parmi ce qu’ils appelèrent « les six traités indispensables ». Ce chef d’œuvre devint la base de toute la littérature du « lodjong ». De nos jours, Sa Sainteté le XIVème Dalaï-Lama n’a de cesse d’enseigner ce texte magnifique et le pratique depuis son plus jeune âge – il dit même souvent que c’est grâce à lui qu’il parvint à engendrer une « expérience » de l’esprit d’éveil et que la pratique de son essence, l’échange de soi-même avec autrui, a pris une autre dimension dans son parcours spirituel.
Mon maître Khounou Lama Rinpotché me conféra la transmission du Bodhicharya­vattara en soulignant qu’il s’agit d’un texte assez court tout en étant extrêmement dense et qu’il est incomparable en ce qui concerne la pratique de l’échange de soi-même et d’autrui. Pour ces raisons, il m’exhorta à enseigner ce texte aussi souvent que possible, ce à quoi je me suis évertué et continue de le faire. Il répétait souvent qu’en ce qui concerne la pratique de l’esprit d’éveil aucun texte jusqu’à présent n’égalait le Bodhicharyavattara et qu’aucun ne l’égalerait dans le futur.
—Sa Sainteté le XIVème Dalaï-lama